S1E2 : La logistique réutilisable

par | Déc 5, 2024 | Podcast Impactus

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L'invention au service de la logistique durable

par Impactus

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Introduction

Antoine :
Bienvenue sur Impactus, le podcast qui met en lumière les entrepreneurs à impact positif. Je suis Antoine, cofondateur du Collectif Impact. Dans chaque épisode, nous plongeons dans l’univers d’acteurs engagés pour explorer leur stratégie marketing et leur engagement. Nous discutons de sujets variés, comme le référencement naturel, la stratégie de contenu ou encore le growth marketing. Découvrez comment ces entreprises transforment leur vision en actions concrètes.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Chrystelle Peltier, fondatrice de la société OPACK, médaillée d’or au concours Lépine en 2023, qui révolutionne la logistique avec des colis réutilisables jusqu’à 100 fois. Bonne écoute ! N’hésitez pas à vous abonner pour ne pas manquer nos prochains épisodes.

Entretien

Antoine :
Chrystelle, merci beaucoup de prendre le temps de discuter avec nous aujourd’hui. Vous êtes à l’origine d’OPAK, une solution de colis réutilisables qui se développe petit à petit. Pouvez-vous nous présenter votre produit ? D’où vient l’idée, comment l’avez-vous développé, et comment l’avez-vous fait connaître ?

Chrystelle :
Merci de m’avoir invitée pour parler de notre innovation. Chez OPAK, nous avons développé un colis réutilisable conçu pour être utilisé jusqu’à 100 fois. C’est un projet familial, notamment imaginé avec mon fils William. L’idée est née durant le Covid : à la maison, nous étions submergés par les cartons d’emballages, et je déteste jeter.

Je me suis alors demandé comment remplacer ces cartons à usage unique, qui s’abîment vite et sont rarement réutilisables parce qu’ils ne conviennent ni en taille ni en calage. Nous avons imaginé un colis réutilisable capable de se transformer instantanément en véritable emballage ou en petite enveloppe. On l’a surnommé notre « super colis », un peu en pensant à Superman.

Pour le concevoir, nous nous sommes inspirés de la technologie des airbags, qui offrent une excellente protection grâce à l’air tout en restant légers. La légèreté est essentielle, car plus le colis est léger, moins il impacte le transport, ce qui est un point crucial. Ne trouvant aucune solution satisfaisante sur le marché, nous avons décidé de la créer nous-mêmes.

Antoine :
À quel moment avez-vous commencé à transformer cette idée en un projet concret ? C’était en 2020 ou en 2021 ?

Chrystelle :
C’était en 2021.

Je suis quelqu’un de créatif, et face à un problème, je cherche toujours une solution. Mon processus a commencé par des tests avec des sacs sous vide. J’ai inversé la valve pour insuffler de l’air au lieu de l’extraire. Bien sûr, au début, il y avait des fuites, et j’ai utilisé des matériaux simples comme de la colle chaude pour colmater.

Je travaillais souvent la nuit, après ma journée de travail en tant que professeure. William, qui était très impliqué, challengeait mes idées et apportait des suggestions. Nous avons itéré ensemble, et il est d’ailleurs co-inventeur du brevet que nous avons déposé. Cette collaboration a été essentielle pour passer de l’idée à une première version testable.

Évolution du projet

Antoine :
Qu’en est-il de votre premier prototype, la version 1 (V1) ? Comment s’est-elle concrétisée ?

Chrystelle :
Nous avons créé une première version, mais elle présentait de nombreux défauts : elle était coûteuse à produire et donc difficile à envisager comme alternative viable. Proposer un emballage dix fois plus cher qu’un carton n’aurait pas fonctionné.

Nous avons donc décidé de revoir notre copie et de développer une V2 plus économique, industrialisable, et réellement innovante. Cette deuxième version a été un long chemin, mais elle nous a permis d’obtenir un brevet et de participer au concours Lépine en 2023, où nous avons remporté une médaille d’or.

Antoine :
Félicitations pour cette médaille d’or ! C’est une belle reconnaissance.

Chrystelle :
Merci ! Remporter cette médaille a été une étape incroyable. Nous étions 380 inventeurs en compétition, dont seulement 12 femmes. C’était important pour moi de montrer que les femmes ont leur place dans l’innovation. J’espère encourager d’autres femmes à oser se lancer.

 

Antoine :
Donc, tu as cette idée. Mais comment as-tu réussi à la transformer en un objet concret ?

Chrystelle :
C’est un peu ma force, je pense : je suis très créative et, face à un problème, j’aime chercher une solution. Si une solution existe déjà, je m’en inspire, mais si ce n’est pas le cas, je m’attelle à en créer une. Mes idées sont souvent simples, un peu « système D », mais elles fonctionnent.

Pour OPAK, l’inspiration initiale est venue des sacs sous vide. Je me suis dit : et si on inversait la valve pour insuffler de l’air au lieu de l’enlever ? J’ai bidouillé un prototype en inversant la valve, mais cela provoquait des fuites d’air. J’ai donc utilisé de la colle chaude pour colmater. C’était un travail que je faisais souvent la nuit, après ma journée de travail en tant que professeure.

William, mon fils, était très impliqué. Il remettait mes idées en question et apportait ses propres suggestions. C’était une vraie collaboration. Nous avons passé des nuits à essayer, tester, et ajuster nos prototypes. Finalement, cette approche nous a permis de déposer un brevet. C’est vraiment parti de cette idée de « sac sous vide inversé ». Un jour, à 2 heures du matin, après des heures de réflexion, j’ai simplement utilisé deux bouts de scotch, gonflé le sac, et… « Ouah ! » Le déclic était là.

À partir de ce moment, nous avons commencé à travailler sur la professionnalisation et le développement d’un produit industrialisable. C’était le début d’un long processus pour arriver à une solution brevetable.

Antoine :
Et donc, la version 1, le prototype de l’Unik by OPAK, quand est-ce qu’elle a vu le jour ? Et comment l’as-tu commercialisée ?

Chrystelle :
Eh bien, cette première version, la V1, je ne l’ai pas commercialisée. Même si elle fonctionnait, elle avait de nombreux défauts. Elle était coûteuse à produire et donc peu réaliste en tant qu’alternative viable. Produire un emballage dix fois plus cher qu’un carton n’aurait pas eu de sens.

C’est à ce moment-là que j’ai pris du recul et décidé de tout revoir. Je me suis dit : « Il faut que je crée une V2 plus abordable. » Cette nouvelle version devait être non seulement économiquement viable, mais aussi réellement innovante. Cela nous a conduit à déposer un brevet, car cette version apportait des éléments techniques uniques.

Antoine :
Donc, un nouveau brevet pour cette version 2 ?

Chrystelle :
Non, je n’ai déposé qu’un seul brevet pour l’ensemble du concept. Mais, honnêtement, c’est déjà une démarche très lourde et coûteuse. Dans le domaine de l’emballage plastique, il y a beaucoup d’ »états de l’art », des concepts déjà existants qui rendent l’innovation complexe.

Obtenir ce brevet a été un exploit en soi. C’était nécessaire pour présenter notre produit au concours Lépine, où nous avons finalement proposé cette V2, une version satisfaisante, industrialisable et alignée avec notre vision.

Antoine :
Le concours Lépine a donc été un tremplin pour faire connaître votre innovation ?

Chrystelle :
Absolument. Présenter une version améliorée au concours a marqué une étape importante. C’est là que nous avons vraiment prouvé que notre idée n’était pas juste un bricolage de garage, mais une solution avec un réel potentiel industriel et environnemental.

 

Antoine :
Donc, au concours Lépine, c’était en 2022 ou 2023 ?

Chrystelle :
En 2023. Il m’a fallu tout ce temps pour passer de la V1 à la V2, une version beaucoup plus aboutie, économique et industrialisable en grande quantité. L’objectif était de réduire les coûts et de rendre le produit accessible.

Antoine :
Et donc, tu remportes le concours Lépine en 2023 ?

Chrystelle :
Je vais préciser : je n’ai pas gagné le concours Lépine au sens propre. J’ai reçu une médaille d’or. Gagner le concours, c’est recevoir le prix du président, qui est un vase emblématique. Mais déjà, une médaille d’or, c’était un exploit ! Sur 380 inventeurs, il n’y avait que 12 femmes. Si je peux faire passer un message, c’est que les femmes doivent oser se lancer. Il n’y a aucune raison qu’on soit moins créatives. Je milite pour ça, car je suis la preuve qu’on peut réussir, même en venant d’un domaine complètement différent. J’ai été prof et j’ai remporté une médaille d’or. Même si je n’étais pas la grande gagnante, j’ai terminé dans le top 10, ce qui est déjà une immense fierté.

Antoine :
Cette médaille d’or a donc été un tremplin pour toi et pour OPAK ?

Chrystelle :
Oui, tout à fait. Elle a eu un énorme impact médiatique. Par exemple, j’ai eu un grand article dans le journal Sud-Ouest, ce qui nous a mis en lumière localement. Ensuite, la région et des responsables en innovation ont commencé à nous accompagner. Ça a vraiment été une grande avancée pour nous.

À ce moment-là, mon fils William, qui est co-inventeur du brevet, n’était pas beaucoup mis en avant, car il était plongé dans ses études supérieures. Il avait énormément de travail en maths et en anglais. Je l’ai laissé tranquille, car je pensais qu’il ne poursuivrait peut-être pas l’aventure avec moi. Mais après une année intense, il m’a dit qu’il voulait se réengager. Depuis, nous formons un binôme à plein temps.

Antoine :
Puisque tu parles de collaboration familiale, travailler avec son enfant, tu le recommandes ou pas ?

Chrystelle :
Franchement, c’est une belle expérience, mais ça dépend de la dynamique familiale. Avec William, c’est moi qui propose les idées : des gammes, des nouveaux produits… Et lui, il a un meilleur sens des affaires. Il me challenge en disant : « Non, ça, c’est trop compliqué » ou « Tu devrais le faire différemment ». Il est aussi celui qui présente et promeut nos produits dans ses réseaux.

C’est parfois frustrant pour moi, car j’investis beaucoup de temps à développer des solutions. Mais ses critiques, bien qu’exigeantes, permettent d’améliorer ce qu’on propose. On est vraiment complémentaires, et c’est ce qui fait notre force.

Antoine :
Vous arrivez à travailler en transparence, malgré votre lien familial ?

Chrystelle :
Complètement. William est le petit dernier de la famille, mais il a été élevé en grande partie avec les plus grands. Il a toujours eu une grande maturité dans son rapport aux adultes. Et comme j’étais aussi sa prof au collège et au lycée, on a construit une relation très complice. On se dit les choses sans détour, ce qui est très agréable.

Avec lui, il y a une confiance totale. Il sait que je suis parfois naïve, car je fais facilement confiance aux gens. Dans le passé, cela m’a joué des tours dans des domaines comme le marketing. Mais avec William, je sais que je peux toujours compter sur son jugement.

Antoine :
Tu as mentionné que ce projet est avant tout familial. Comment le reste de ta famille y participe ?

Chrystelle :
C’est effectivement un projet familial. En plus de William, il y a mon mari, qui est chef d’entreprise. Il nous aide beaucoup sur les aspects financiers, comme les business plans et la gestion des chiffres, des choses que ni William ni moi n’aimons particulièrement.

Au final, on a formé un trinôme parfait. Chacun a son rôle, et ça fonctionne très bien.

 

Antoine :
Le côté confiance dont tu parlais tout à l’heure, où parfois tu en donnes peut-être trop. Est-ce que ce n’est pas justement ce qui t’a permis de développer OPAK plus rapidement, ou même de trouver les bons interlocuteurs ?

Chrystelle :
C’est exactement ça. Je pense que ma confiance inspire aussi la confiance. Je ne cherche jamais à tromper qui que ce soit, et je rencontre des gens incroyablement généreux, prêts à m’aider. Ils voient bien qu’en tant qu’entrepreneure isolée, monter une startup sur un marché qui n’existe pas encore, c’est une vraie montagne à gravir.

Cette attitude de confiance que je donne facilement crée une relation de confiance réciproque très rapidement. Et puis, comme je travaille dans l’impact, je suis amenée à rencontrer d’autres personnes engagées, qui ont une mission qui dépasse le simple cadre du business. Cela donne lieu à des liens beaucoup plus forts, qui vont au-delà d’une relation traditionnelle de client-fournisseur.

Antoine :
Tu parles de réseau, notamment sur LinkedIn. Comment ça a commencé pour toi ?

Chrystelle :
J’ai créé mon compte LinkedIn juste après le concours Lépine, en mai 2023. Je suis partie de zéro et j’ai construit un réseau de personnes extraordinaires. Ce qui est génial, c’est que certaines de ces personnes me partagent des informations, des concours ou des opportunités que je n’aurais pas vues autrement. C’est comme un petit réseau d’informateurs.

Franchement, je ne me sens pas isolée. Bien au contraire.

Antoine :
J’imagine que ça doit être très agréable de ne pas te sentir seule dans cette aventure.

Chrystelle :
Complètement. Souvent, on me dit : « Mais vous êtes seule à porter ce projet. » Et je réponds toujours : « Non, je suis associée avec mon fils. » Mais c’est bien plus que ça. Il y a ma famille, mais aussi cette grande famille de l’impact. En France, il y a énormément de gens impliqués qui se donnent pour des causes qui les passionnent. Cela crée un support collectif très puissant.

Antoine :
Et tes premiers clients, tu les as eus tout de suite après le concours Lépine ?

Chrystelle :
Pas exactement. Après le concours, j’ai mis du temps à finaliser ce que je pensais être la version finale. Cette version-là venait de Chine, car ce sont eux les spécialistes des plastiques durables. En France, cela n’existe pas encore.

Mais cette situation me gênait. Pendant mes présentations, je me sentais mal à l’aise de dire que le produit venait de Chine, même si cela permettait de maintenir des coûts abordables. Grâce aux conseils de William, j’ai cherché des solutions pour produire en France, ou au moins une partie.

Aujourd’hui, tout ce qui concerne la main-d’œuvre est fait en France. On a simplifié le processus, et on travaille avec un atelier situé dans une prison à Bordeaux. Cela nous permet de répondre aux critères du Made in France.

Antoine :
Un atelier en prison ? Peux-tu nous en dire plus ?

Chrystelle :
Oui. Nous avons monté un atelier dans une prison, où les détenus sont bien encadrés et très bien considérés. Nous avons tout fait pour que l’espace de travail soit agréable, avec 100 m² où ils peuvent travailler en autonomie pendant la journée. Je passe les voir tous les deux jours pour vérifier le bon déroulement.

Cela crée un lien humain et une certaine autonomie pour eux. Je suis très fière de dire que notre produit est assemblé en France, et je reste totalement transparente sur le processus. Mon objectif est d’aller encore plus loin et de développer une version 100 % Made in France.

 

Antoine :
Parce que tu parles de modèles, est-ce que tu as des évolutions prévues pour demain ?

Chrystelle :
Oui, tout à fait. Nous avons déjà un modèle existant, un colis souple qui se gonfle pour prendre forme et se dégonfle ensuite pour se transformer en une enveloppe. Cela dit, son principal défaut est qu’il n’est pas empilable. Ce n’est pas vraiment un problème pour le e-commerce, où les pochettes souples sont souvent utilisées, mais dans certains cas, l’empilabilité est essentielle.

Nous travaillons donc sur un modèle de boîte empilable qui peut se replier pour être retourné par La Poste en prépayé. Ce projet a été un défi, notamment à cause des critères stricts pour le transport postal, mais nous avons trouvé une solution. Ce modèle sera totalement Made in France. Il y a d’ailleurs deux fabricants français spécialisés dans le plastique rigide avec qui nous collaborons.

Bien sûr, cela coûtera probablement un peu plus cher pour les entreprises, mais c’est un choix pour celles qui veulent s’engager dans une démarche durable. Dès que c’est possible, nous privilégions les solutions locales et durables.

Antoine :
Et pour l’intérieur du colis, tu mentionnais un système de calage gonflable. Peux-tu nous en dire plus ?

Chrystelle :
Exactement. L’intérieur de nos colis intègre un calage gonflable qui permet de protéger des éléments fragiles contre les chocs. Par exemple, j’ai testé avec un objectif d’appareil photo, et cela fonctionne parfaitement.

Pour vous expliquer rapidement, l’extérieur protège contre les impacts, tandis que l’intérieur comporte une poche où l’on place le produit. Avec un gonfleur professionnel, on injecte de l’air via une valve. Cela enveloppe le produit et crée un vide grâce à l’air comprimé sur les côtés. Le résultat est un calage ultra protecteur.

Lors des tests, la version transparente initiale pouvait supporter jusqu’à 250 kilos en machine. La version actuelle, opaque — d’où le nom OPACK —, résiste à plus de 600 kilos. Cela la rend idéale pour les nouvelles méthodes de transport en vrac, où les colis ne sont plus toujours empilés sur palettes mais en vrac dans les camions.

Les premiers clients et le marché cible

Antoine :
Quels sont les besoins de vos premiers clients ?

Chrystelle :
Au départ, j’étais un peu naïve. Je pensais proposer directement nos colis réutilisables aux e-commerçants pour leurs envois. Mais j’ai vite découvert qu’ils externalisaient souvent leur logistique. Même convaincus, ils étaient bloqués par leurs logisticiens, qui n’étaient pas encore prêts à adopter une telle solution.

Nous avons donc pivoté pour cibler directement les logisticiens. Cela dit, pour que cela fonctionne, il faut également que les e-commerçants soient prêts à utiliser nos solutions. C’est une démarche qui implique les deux parties.

En revanche, nous avons eu du succès auprès des entreprises de location. Par exemple, une cliente qui loue des vêtements de grossesse pour des shootings photos a immédiatement acheté une flotte de 20 colis. Quand je suis revenue vers elle, elle m’a dit : « C’est parfait, ça résiste à l’eau, c’est étanche et sécurisé. » Cela a très bien fonctionné, car le modèle est rentable dès le premier aller-retour et il est pratiquement inusable.

Antoine :
Et en termes de coût, c’est compétitif par rapport au carton ?

Chrystelle :
Absolument. Nos colis sont deux fois plus légers qu’un carton standard. En France, où les frais de transport sont souvent calculés au poids, c’est déjà un avantage. En plus, lorsqu’ils reviennent sous forme d’enveloppe dégonflée, cela coûte bien moins cher qu’un nouveau carton.

On n’est plus dans une logique linéaire de « j’utilise et je jette », mais dans un modèle circulaire où l’on réemploie au maximum avant de remplacer. Le carton peut être recyclé dans une certaine mesure, mais si on parle d’un système réellement durable, nos colis sont une solution bien plus adaptée.

Conformité aux lois environnementales

Antoine :
Ces colis permettent aussi de répondre aux nouvelles réglementations, comme la loi AGEC ou la CSRD, non ?

Chrystelle :
Oui, tout à fait. La loi AGEC, qui vise à réduire le gaspillage, oblige progressivement les entreprises à utiliser 10 % de colis réemployables. C’est encore une petite proportion, mais dès 2025, des sanctions financières seront appliquées aux entreprises qui ne respectent pas ces quotas.

Mais au-delà de cela, la CSRD, qui entre en vigueur bientôt, est encore plus impactante. Elle exige des entreprises qu’elles établissent un bilan extra-comptable, notamment sur leurs actions RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Cela inclut leur utilisation de colis réutilisables.

Les grands groupes, soumis à la CSRD, doivent également évaluer leurs fournisseurs dans ce cadre. Cela met une pression énorme sur les PME, qui vont devoir s’aligner rapidement sous peine de ne plus être compétitives.

Nous avons une longueur d’avance sur ce marché, car nous sommes les seuls à proposer un système de calage intégré, capable de remplacer complètement le carton, même pour des produits fragiles.

 

Adaptation au marché et perspectives de développement

Antoine :
Parce que Michel Barnier, il me semble, a émis des réserves sur certaines obligations et proposé de reporter leur mise en place.

Chrystelle :
Oui, c’est vrai. Mais les grands groupes, eux, ont déjà commencé à intégrer ces obligations, notamment la CSRD. Même si certaines échéances sont repoussées, ils continuent à avancer parce que c’est déjà acté pour l’année prochaine. Ils savent que ces réglementations vont arriver et ils mettent la pression sur leurs fournisseurs pour qu’ils soient prêts.

Cela dit, les grands groupes sont des « mammouths » à bouger. C’est long et complexe. J’ai eu cette expérience en tant qu’enseignante dans l’Éducation nationale, et c’est pareil dans les grandes entreprises. Par exemple, chez L’Oréal, il y a 1 000 acheteurs. J’ai rencontré une entrepreneuse avec une superbe solution de plastiques à base de déchets de tomates, mais elle m’a raconté qu’elle avait du mal à entrer, même avec une idée aussi innovante. Ce genre de lenteur, combinée à des reports, est dommageable pour l’urgence climatique. Chaque délai représente du temps perdu, et c’est frustrant.

Les besoins spécifiques et cibles prioritaires

Antoine :
Avec l’Unik by Opack, vous ciblez quelles entreprises exactement ?

Chrystelle :
Nous visons les entreprises qui ont des besoins spécifiques en calage et en protection de produits. Avant, le plastique à usage unique faisait le travail, mais il est heureusement interdit maintenant. Les alternatives comme le papier froissé sont insuffisantes pour certains usages : elles s’humidifient, se tassent et provoquent des casses.

Nous proposons une réponse à ces problèmes, ce qui nous permet d’entrer par une « porte indirecte ». Plutôt que d’argumenter uniquement sur l’aspect environnemental, nous mettons en avant la résolution d’un problème concret. Par exemple, des secteurs comme la cosmétique, le reconditionnement électronique et les pièces détachées sont très intéressés.

Nos colis sont rapides à préparer — en 20 secondes, c’est fait. Ils s’adaptent facilement à différentes tailles grâce à nos deux formats standard. Cette simplicité et rapidité d’utilisation sont des atouts majeurs pour les logisticiens.

Antoine :
Et pour la boîte empilable dont tu parlais, quel marché cible-t-elle ?

Chrystelle :
Nous travaillons actuellement sur un modèle dédié aux bouteilles, qui doivent pouvoir être empilées. Certains secteurs, habitués aux boîtes rigides, cherchent maintenant des alternatives réutilisables. Ce modèle permettra également d’intégrer notre calage ou d’utiliser d’autres types de calages selon les besoins.

L’idée est de répondre aux attentes des entreprises qui ont des processus très spécifiques tout en gardant la flexibilité et la durabilité qui font la force d’Opack.

Stratégies de recherche de clients et communication

Antoine :
Comment vous organisez-vous avec William pour trouver vos clients ?

Chrystelle :
Nous avons tout autofinancé, ce qui a limité notre budget pour une communication massive. Nous avons donc misé sur les salons. J’aime tester et observer ce qui fonctionne. Cela a un coût, mais c’est un excellent moyen de valider nos approches.

Pour aller plus loin et accélérer notre développement, nous avons lancé une recherche de financement. Nous sommes en discussion avec des business angels et des investisseurs, hommes et femmes, pour nous aider à structurer et à grandir.

Nous ne nous précipitons pas : nous voulons être prêts au bon moment, avec une offre bien structurée et des partenaires solides. Cela dit, nous avons déjà des groupes intéressés, et nous préparons des projets pilotes avec eux.

Antoine :
Et au niveau de la communication ?

Chrystelle :
Nous avons tenté de participer à l’émission Qui veut être mon associé ?. Nous sommes allés loin dans le processus de sélection, mais c’était encore trop tôt, juste après le Concours Lépine. Avec le recul, nous avons bien fait d’attendre. Ce genre de visibilité est puissante, mais il faut être prêt à répondre à l’intérêt qu’elle génère.

Aujourd’hui, nous construisons notre réseau et avançons progressivement. Il y aura d’autres opportunités pour toucher un large public, mais nous voulons être solides pour saisir ces occasions.

Antoine :
Et cette prise de conscience sur l’impact du carton, elle progresse selon toi ?

Chrystelle :
Oui, je le crois. De plus en plus de gens réalisent à quel point les cartons sont omniprésents et problématiques. Les poubelles débordent, les particuliers et entreprises se lassent de devoir tout jeter après un usage unique.

Notre solution simplifie tout : on replie le colis, on le renvoie, et il repart pour un nouvel usage. Ce modèle circulaire est l’avenir, et je suis convaincue qu’il finira par s’imposer.

 

L’impact au cœur de la démarche d’Opack

Antoine :
Revenons à l’idée de l’impact. Tu parlais des cartons et du temps qu’on passe à les défaire, à les jeter. Est-ce que cet aspect pratique et environnemental a toujours été présent dans ta vie, ou est-ce un cheminement ?

Chrystelle :
C’est une excellente question. Je dirais que l’impact est quelque chose qui s’est construit avec le temps, même si j’ai grandi dans un environnement très « anti-gaspillage ». Ma mère était une vraie militante du non-jeter : tout devait être réutilisé ou transformé. Évidemment, comme beaucoup, j’ai eu une phase de rébellion, surtout dans les années de surconsommation. Je me disais : « Pourquoi se priver ? On peut jeter, ce n’est pas grave. »

Mais en devenant professeure de technologie, j’ai été confrontée à des thématiques environnementales intégrées aux programmes. Cela m’a non seulement permis de sensibiliser mes élèves, mais cela m’a aussi éduquée. Une fois qu’on sait, on ne peut plus revenir en arrière. J’ai réalisé que ma mère avait raison sur toute la ligne. Ce que j’essaie de faire maintenant, c’est de me rattraper en mettant mes compétences au service de l’impact, même si c’est arrivé un peu tardivement.

Les moments marquants d’Opack

Antoine :
Dans cette aventure avec Opack, quel a été, selon toi, le plus grand succès que toi et William avez vécu ?

Chrystelle :
Je dirais que tout a commencé avec la médaille d’or au Concours Lépine. Pour moi, en tant que prof de techno, c’était vraiment un rêve. Je regardais ce concours chaque année, et quand mon mari m’a demandé ce que je voulais vraiment en participant, j’ai répondu : « Même une petite médaille, ce serait extraordinaire. » Et là, revenir avec la médaille d’or, c’était incroyable.

Ensuite, il y a eu l’Oscar de l’emballage, décerné par des professionnels du secteur comme L’Usine Nouvelle et Emballage Magazine. Cette reconnaissance m’a montré qu’Opack n’était pas juste une invention, mais un véritable projet entrepreneurial.

J’ai également été nommée Dirigeante à Impact de l’année par Défi RSE, ce qui est une belle valorisation de notre travail. Même si cette reconnaissance est personnelle, je la partage évidemment avec William et toute l’équipe familiale qui soutient le projet.

Enfin, un moment fort a été notre sélection pour pitcher à New York devant des investisseurs alumni centraliens. William et moi avons présenté notre projet en anglais et répondu aux questions. Nous avons même attiré l’attention du numéro trois d’Amazon ! C’était une grande fierté et une belle reconnaissance de notre projet.

Antoine :
C’est impressionnant ! Entre l’aspect familial et ces distinctions, cela montre vraiment que l’on peut accomplir beaucoup avec de la passion et de la persévérance.

Chrystelle :
Oui, et c’est exactement ce que j’essaie de transmettre. Oser, persévérer, et croire en ses idées. Tout cela est possible avec un bon mélange de créativité, de travail et de soutien.

 

L’impact de l’enseignement et de LinkedIn dans l’aventure Opack

Antoine :
Avant Opack, tu étais professeure de technologie, si je ne me trompe pas ?

Chrystelle :
Oui, tout à fait. J’ai été professeure de techno pendant plusieurs années, et je pense que cette expérience a beaucoup nourri ma créativité. Ce n’est pas le fait d’être professeure de techno qui m’a rendue créative, mais c’est ma créativité qui m’a orientée vers cette matière.

J’ai toujours voulu enseigner, mais j’aurais pu être professeure d’économie ou de mathématiques, car ce sont mes domaines d’origine. J’ai même enseigné les maths à un moment donné. Mais la technologie, c’était différent. On peut créer et faire créer, et j’adorais transmettre ce goût pour l’invention et la résolution de problèmes.

Depuis toute petite, j’aime concevoir des choses, même si je n’étais jamais satisfaite des résultats quand je m’orientais vers l’art. En technologie, on cherche des solutions concrètes à des problèmes réels, et c’est là que mes compétences s’expriment pleinement.

Quand j’ai lancé Opack, je me suis dit : pourquoi ne pas moi ? On est tous égaux dans ce domaine du réutilisable, car c’est encore tout nouveau. Il n’y a pas d’experts, donc chacun peut apporter quelque chose.

Opack et le défi numérique

Antoine :
Aujourd’hui, votre site internet joue un rôle clé dans votre stratégie. Comment le développez-vous ?

Chrystelle :
J’ai toujours voulu un site internet dynamique, qui attire l’œil et donne envie, même si ce sont surtout les professionnels qui achètent nos produits. Mon idée était de créer un site qui parle aussi aux particuliers pour qu’ils soutiennent la démarche.

Mais je manque de compétences en SEO, ce qui est essentiel pour être bien visible. Actuellement, nous travaillons à une refonte complète du site. Mon fils s’occupe de la première version, et une fois que tout sera prêt, nous ferons appel à un professionnel pour finaliser le projet.

Nous essayons de rester frugaux, à l’image de nos produits. L’idée est de pouvoir gérer le site nous-mêmes pour le faire évoluer sans devoir systématiquement passer par un prestataire.

La stratégie LinkedIn

Antoine :
Et côté marketing, LinkedIn semble être un outil important pour vous. Comment l’utilisez-vous ?

Chrystelle :
Oui, LinkedIn est devenu central dans notre communication. J’essaie de publier au moins deux fois par semaine, mais seulement quand j’ai quelque chose de pertinent à dire.

J’ai fait une pause cet été, car je travaillais sur le modèle bouteille qui a été un vrai casse-tête technique. Mais cette pause m’a montré l’importance de rester visible. Quand on arrête, il faut tout recommencer pour regagner en visibilité.

Je partage aussi nos participations à des salons, à Bordeaux ou à Paris, pour informer mon réseau et leur donner envie de venir nous rencontrer.

Antoine :
Cela semble bien fonctionner. Recevez-vous des retours directs via LinkedIn ?

Chrystelle :
Oui, LinkedIn me permet de rencontrer des gens qui s’intéressent à Opack. Certains viennent même me voir sur les salons parce qu’ils m’ont vue passer sur le réseau.

Parfois, je me demande si je ne publie pas trop, mais je me dis : ils n’ont qu’à ne pas cliquer s’ils ne veulent pas. Moi, je suis contente de partager nos avancées et nos événements. L’objectif, c’est de rester authentique et d’intéresser les bonnes personnes.

Antoine :
Merci pour ces éclairages, Chrystelle. Il est évident que ton parcours, entre créativité et pragmatisme, est une grande force pour Opack.

Chrystelle :
Merci à toi. Je pense que tout cela montre qu’avec de la passion et du travail, on peut faire bouger les choses, même dans un domaine aussi technique que la logistique.

 

Le rôle de LinkedIn et des stratégies payantes dans la communication d’Opack

Antoine :
Tu partages beaucoup de contenu sur LinkedIn. Arrives-tu à obtenir des retours grâce à cette activité ?

Chrystelle :
Oui, LinkedIn m’aide beaucoup. Je ne dirais pas que je trouve des clients directement, car ce n’est pas ce que je mets en avant. Je ne poste pas en disant : « Achetez mes colis ». Ce que je fais, c’est construire un réseau autour de mon aventure. Les gens associent bien Opack à moi, Chrystelle, et maintenant aussi à William, qui s’implique davantage.

Je travaille également avec des spécialistes pour cibler les bons contacts et aller les chercher de manière stratégique. LinkedIn me permet surtout de créer une communauté qui suit le projet et partage des informations utiles, comme des événements ou des actualités pertinentes.

Antoine :
Au final, LinkedIn t’a aidée à constituer une véritable communauté autour d’Opack.

Chrystelle :
Exactement. C’est un peu l’esprit qu’on retrouve sur Instagram, sauf que je maîtrise davantage la communication verbale que visuelle. LinkedIn me convient parfaitement pour cela.

J’aime son côté communautaire, moins formel. Quand je communique depuis mon compte personnel, je suis plus naturelle, plus authentique. Je ne représente pas simplement Opack, je partage mon parcours. C’est là que les gens peuvent vraiment me suivre et me contacter.

Antoine :
Et concernant les stratégies payantes, as-tu essayé de la publicité sur LinkedIn ou ailleurs ?

Chrystelle :
Pas encore. Ça aurait du sens de faire de la pub sur LinkedIn, mais c’est tellement coûteux. Je préfère attendre d’avoir un financement et de travailler avec des spécialistes pour maximiser le ROI. J’ai appris de mes erreurs : à mes débuts, j’ai dépensé de l’argent de manière un peu « aveugle », et ce n’était pas toujours efficace.

Je privilégie des collaborations avec des indépendants ou des experts qui partagent les mêmes valeurs que moi, plutôt que de tout faire seule ou d’embaucher immédiatement.

Antoine :
LinkedIn est effectivement assez coûteux. As-tu exploré d’autres plateformes, comme Instagram ?

Chrystelle :
On m’a dit qu’Instagram était beaucoup moins cher pour les pubs, et j’ai d’ailleurs testé pour un autre projet. Les résultats étaient intéressants. Mais comme je ne suis pas encore très présente sur Instagram avec Opack, ce n’est pas ma priorité actuelle.

Un jour, j’y viendrai, peut-être avec une community manager. (Rires) J’imagine toujours une femme pour ce rôle, sans doute parce que ma fille est sur Instagram et maîtrise bien cette plateforme. Pour l’instant, je préfère me concentrer sur LinkedIn, que je commence à maîtriser, plutôt que de me disperser.

Antoine :
C’est une approche raisonnée. Merci pour cette transparence sur tes choix stratégiques.

Chrystelle :
Merci à toi ! Je crois que c’est important de reconnaître ses limites et de s’entourer des bonnes personnes au bon moment.

 

Axes prioritaires pour Opack en vue de financements en 2025

Antoine :
Tu as réfléchi aux axes prioritaires que tu souhaiterais débloquer, notamment en matière de marketing ou de communication, si des financements arrivaient en 2025 ?

Chrystelle :
Oui, absolument. Nous avons déjà identifié plusieurs cibles potentielles, notamment celles qui ont des besoins pressants et des problématiques que nous pouvons résoudre rapidement. Par exemple, les professionnels qui travaillent en boucle fermée, comme les emballages pour pièces détachées ou les têtes d’impression pour imprimantes industrielles, sont déjà dans notre viseur.

Cela dit, mon objectif à long terme reste le e-commerce. C’est là que se trouve le plus gros volume et où l’impact environnemental peut être significatif. Cependant, pour que ce marché bouge vraiment, il faudra que des obligations réglementaires les poussent à adopter des solutions comme la nôtre.

En attendant, on continue de se concentrer sur des marchés à plus petite échelle mais avec du sens, même si ce n’est pas énorme en termes de volume d’affaires. Nos colis sont extrêmement durables, avec un coût de base autour de 2 € pour un premier usage, et deviennent même gratuits en boucle fermée. Cela offre un excellent argument marketing, mais cela implique également un modèle économique où les clients reviennent moins souvent à cause de la durabilité du produit.

Antoine :
C’est effectivement une stratégie réfléchie. Comment comptes-tu structurer ces prochaines étapes ?

Chrystelle :
L’idée est de continuer à développer des solutions sur-mesure pour répondre aux besoins spécifiques des grands groupes. Si une entreprise préfère éviter le plastique, par exemple, nous sommes capables d’adapter nos produits tout en conservant notre avantage unique : une protection performante.

Côté innovation, il s’agit d’être prêt lorsque le marché décollera. Le packaging est partout, avec des besoins extrêmement variés, et nous voulons être capables d’y répondre.

En parallèle, je déléguerai progressivement certains aspects comme le marketing ou la communication, tout en recrutant quelques postes clés en interne. Par exemple, un community manager pour la gestion quotidienne sera indispensable.

Antoine :
Tu as mentionné le recrutement. Tu envisages de former une grande équipe ?

Chrystelle :
Non, ce n’est pas mon ambition. Je n’ai pas envie de gérer une grosse structure. Je préfère collaborer avec des indépendants ou des experts qui partagent nos valeurs.

Cela dit, il y aura forcément des postes à intégrer en interne, notamment pour les tâches récurrentes. Et si j’atteins mes objectifs, j’aimerais recruter ma fille. Elle travaille actuellement comme juriste dans une banque, mais son rêve est de devenir Personal Assistant. Elle est tout ce que je ne suis pas : rigoureuse, organisée, méthodique. Je suis convaincue que cela ferait de nous une équipe formidable.

Antoine :
C’est une belle vision. Merci pour ce partage et bonne chance pour la suite.

Chrystelle :
Merci beaucoup pour cette invitation et pour cet échange. Je suis toujours ravie de parler de notre projet.

Clôture du podcast
C’était Impactus, le podcast du Collectif Impact. Merci de nous avoir écoutés et à très bientôt pour un nouvel épisode. N’hésitez pas à vous abonner !

 

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